Impossible de rester vivre dans le nord sans évoquer…le Carnaval ! Dans toute la région, de Dunkerque à Malo en passant par Bailleul…des gens comme vous et moi se déguisent, boivent et font la fête dans des tenues plus loufoques les unes des autres.
Certains diront que ce n’est pas Rio, ni Venise mais, croyez-en mon expérience, on s’y amuse tout autant sinon davantage ! Il n’y a qu’à voir chaque année les reportages du Petit Journal sur le sujet : Des gens déguisés, des gens joyeux, des sourires sur les visages.
LE CANARVAL DE DUNKERQUE
11h : Arrivée sur le lieu de rendez-vous. On attaque la journée avec du punch. Ca change du jus d’orange au petit-déjeuner mais les Carnavaleux m’assurent qu’avec ça j’aurai « la pêche toute la journée ». Je les regarde dubitative avec mes yeux ultra maquillés, mes faux-cils, mon rose sur les joues, mes collants roses, mon boa rose autour du cou, mon tutu et mes baskets roses. J’ai l’impression d’être un sapin à Noël, mais je me rassure en me disant que tout le monde ressent la même chose aujourd’hui. Je retrouve mes ami(e)s qui ont l’air plus à l’aise dans leurs déguisements.
13h : Départ Dunkerque. C’est parti pour une heure de trajet dans un car rempli de gens à plumes, chapeautés et en collants moulants. La fonction initiale du siège qui est de s’asseoir dessus ne semble pas être la priorité. On parle fort, on rit mais surtout, on apprend de superbes chansons :
« Allez la Parisienne, chante avec nous ! Tu connais la chanson Et j’ai crié, crié Aline ! Pour qu’elle revienne ! ?
– Oui…
– Alors chante avec nous :
J’avais dessiné sur le sable,
Son doux visage
Mais il a plu,
Sur cette plage,
Et dans cet orage,
Elle a disparu,
Et j’ai crié, crié-é !
Lèche moi, lèche moi, la boîte à caca, la boîte à caca !
Lèche moi, lèche moi, la boîte à caca, la boîte à caca ! »
Charmant.
Début d’après-midi : Arrivée à Dunkerque saine et sauve après un court arrêt pour permettre à l’un de mes compères de soulager son estomac qui n’a pas supporté le mélange punch/bière… Je suis surprise par la douceur du temps et l’omniprésence du soleil.
15h : Après un petit détour chez un ami où j’ai eu droit au fameux « pudding » j’assiste avec mes copains au grand défilé. Je rencontre alors ce qu’on appelle « La Bande » qui se balade joyeusement dans les rues de Dunkerque. Bras dessus, bras dessous, nous nous jetons avec des copines dans la foule bouillonnante. Trompettes, tambours et drapeaux ! Olééé !! Et voilà que les personnes de derrière me poussent vers l’avant et que les personnes de devant reculent… Avec votre esprit vif, vous aurez compris que j’étais pris en étau, complètement serrée, écrasée. C’est tout de suite moins drôle. La force de la foule a réussi à me soulever, tellement bien que je ne touchais même plus le sol. Un des Carnavaleux à mes côtés, voyant que je ne respirais plus et entendant des réflexions désagréables comme « Les petits gabarits comme toi ne devraient même pas entrer ici ! » me vint en aide. Il écarta la foule de ses bras forts pour me faire de la place et me permettre de sortir. Superman existe donc.
17h : Jeté de harengs sur la place de la Mairie. Il y a beaucoup de monde, j’ai chaud, je suis serrée de toute part. C’est donc ça le Carnaval, être comprimée. Je regarde autour de moi, je suis entourée de femmes, d’hommes…Enfin beaucoup d’hommes déguisés en femme : faux seins, perruque et rouge à lèvres volontairement vulgaire. L’un deux (ou d’elle) approche son visage de moi et me demande de sa voix rauque : « Un petit baiser ma jolie ? ». Vu son état d’ébriété déjà bien avancé et son odeur de bière, je préfère refuser poliment. « T’es pas d’ici toi, ça se voit » me répond-il.
Fin de journée : Place au Rigodon ! Cela consiste à tourner autour d’un manège sur la place centrale en se tenant les bras et en chantant à tue-tête. « C’est un truc de mecs ! Reste en dehors du cortège ! ». Très bien, je vous regarde. Je vais manger des frites pour passer le temps, tiens. Tant pis pour les 500g que je vais prendre dans les cuisses. J’ai déjà bien assez marché aujourd’hui pour déculpabiliser. A la fin de la procession, grand silence… Les Carnavaleux autour du manège se baissent un par un, pour se mettre à genoux, la main sur le cœur. « Que se passe-t-il ? » demande-je autour de moi. « Chuut ! C’est l’hymne à Jean Bart et l’hymne a Copineart. Ecoute ». Whaou, c’est beau cette communion.
20h : Il s’agit de rentrer maintenant. Le car avec lequel nous étions arrivés est reparti sans nous. Evidemment, ce serait trop facile sinon. Il nous reste exactement 6 minutes pour traverser toute la ville en courant et attraper le dernier train. Mes cours de sport et l’option « Athlétisme » obligatoire au lycée m’ont ici bien servis. Nous n’étions apparemment pas les seuls à vouloir emprunter ce train. Tant pis pour le confort, par terre près des toilettes fera très bien l’affaire pour partager nos dernières chips sur le trajet.
Anecdote
Les « zeutch ‘s » sont les bisous du Carnaval, faits sur la bouche. Les jours de fête (et seulement ceux-là, on est bien d’accord), les femmes acceptent que leur mari embrassent d’autres personnes, et inversement. Que ce soit des hommes ou des femmes, peu importe, tout le monde y a droit.
D’ailleurs, j’ai entendu dire qu’une clause est parfois ajoutée dans les contrats de mariage stipulant qu’un Bisou du Carnaval ne peut constituer un motif recevable de divorce.